Synthèse bibliographique :
Le Centropyge acanthops
Sommaire
1. Généralités
1.1. La systématique
1.2. La biologie et la morphologie
1.3. Le milieu d'origine du Centropyge acanthops
1.4. Les caractéristiques de l'eau d'origine
1.5. L'alimentation
2. Le comportement
2.1. La hiérarchie
2.2. Les variations de livrée
3. Reproduction, incubation et stade larvaire
3.1. Les différentes étapes de la reproduction
3.2. Le développement larvaire
4. Sa vie en aquarium
4.1. Son maintien en aquarium
4.2. Un aquarium type Erreur ! Signet non défini.
4.3. Son alimentation, la polémique
4.4. Pathologies
4.5. La reproduction en aquarium
5. Conclusion et perspectives
1. Généralités
Classe : Actinoptérygiens
Ordre : Perciformes
Le Centropyge acanthops à été classé pour la première fois en 1904 par Snyder sous le nom de Xiphipops fisheri. Ce n'est qu'en 1922 que Norman l'introduit dans genre Centropyge. L'histoire de ce poisson semble alors définie mais en 1933, Fraser et Brunner le nomment sous le nom de Xiphipops flavicauda. Finalement, il conservera une dénomination reconnue par tous, celle de Centropyge acanthops.
La famille : les membres de la famille des Pomacanthidés sont connues sous le nom de poissons-anges. On en reconnaît quelques 88 espèces, et ils peuvent être rencontrés dans toutes les mers tropicales. Cette famille appartient à l'ordre très vaste des Perciformes, comme nombre de poissons récifaux.
Le genre : il en existe huit :
Les Pomacanthus, les Holacanthus, les Apolemichthys, les Chaetodontoplus, les Pygoplites, les Genicanthus, les Paracentropyges et les Centropyges.
Le genre Centropyge, qui est le plus important, comporte 32 espèces dans l'état actuel de la classification. Ce genre est actuellement étudié par Richard Pyle (du Bishop Museum).
Leur relative petite taille les fait nommer poissons-anges nains.
Il existe plusieurs noms vernaculaires propre à chaque pays :
African pygmy angelfish |
USA |
Afrikansk dværgkejserfisk |
Danemark |
Jumping bean |
Afrique du Sud |
Orangeback angelfish |
USA |
Poisson ange à dos flammé africain |
Mauritius |
Springboontjie |
Afrique du Sud |
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1.2. La biologie et la morphologie
La morphologie du Centropyge acanthops est semblable à celle de tous les anges nains. Ce poisson est pourvu d'un corps robuste au profil convexe, assez haut et comprimé latéralement. La bouche est charnue mais réduite et arbore de nombreuses petites dents fortes et légèrement courbées. Ses dents sont tricuspides, ce qui lui permet de brouter ou de racler algues ou autres organismes. Son corps est recouvert d'écailles minuscules et possède une nageoire dorsale continue. Ses yeux très vifs, positionnés très près de la bouche lui offre une vision rapprochée excellente, ce qui favorise la détection de zoo ou de phytoplancton. Il porte au coin inférieur de chaque opercule, une grande épine caractéristique qui dépasse largement vers l'arrière. Cette épine operculaire est présente chez toutes les espèces, même au stade juvénile. (Debelius et Kuiter, 2002)
Clefs de détermination de Centropyge acanthops :
- La nageoire dorsale est formée de rayons durs et épineux au nombre de 14, ainsi que de 16 à 17 rayons mous. (bien visibles sur la photographie de couverture)
- La nageoire anale, située dans la partie basse du corps est en opposition avec la nageoire dorsale. Elle possède nettement moins de rayons durs (3), mais un nombre équivalent de rayons mous (16-18).
- Les nageoires pectorales possèdent entre 15 et 16 rayons.
- La ligne latérale compte 33 à 37 écailles.
- On dénombre 43 à 44 écailles sur l'axe longitudinal.
- Les arcs branchiaux sont aux nombres de 5 ou 6. Ceux-ci sont constitués de 15 à 16 branchiospines.
- La partie inférieure chaque plaque préorbitale compte de 1 à 4 grandes épines.
- La hauteur du corps du poisson mesure de 2,1 à 2,25 cm par rapport à la longueur standard. (Randall 1995)
Les adultes mesurent 8 cm.
Une zone jaune s'étend de la tête au long du dos, le reste du corps est d'un bleu profond et l'œil est finement cerclé de bleu. Les nageoires dorsales, anales et pelviennes sont soigneusement bordées de bleu. La nageoire caudale est blanchâtre à jaunâtre, les bords supérieurs et inférieurs sont plus sombres. (Debelius et Kuiter, 2002)
L'espèce ressemble à Centropyge aurantonotus des caraïbes, dont la queue est bleue.
En milieu naturel Centropyge acanthops possède une durée de vie approximative de 2,6 ans. Il atteint la maturité sexuelle vers 0,8 année et mesure à ce stade 5,8 cm. L'espèce est hermaphrodite protogyne. (www.fishbase.com)
En aquarium, il n'y a aucune donnée sur sa durée de vie mais certaines espèces de la même famille comme Pomacanthus imperator atteigne des âge de . (Muséum Aquarium de Nancy)
Un individu de 10 g consommera en moyenne sur une année 65 fois sa masse, soit 650 g. (à 25°C). (www.fishbase.com)
1.3. Le milieu d'origine du Centropyge acanthops
Centropyge acanthops est présent dans l'ouest de l'océan indien. Sur le pourtour de l'Afrique de l'est de l'Aliwal Shoal (près de Durban) au golfe d'Aden : Oman, Madagascar, Maldives, Cargados Carajos, Kenya, Mozambique, Somalie, Mauritius, Réunion, Seychelles, Afrique du Sud, Tanzanie. (www.fishbase.com)
Centropyge acanthops vit dans les zones de coraux, d'algues et d'éponges des récifs peu profonds. On le rencontre jusqu'à 40 m au moins selon la région. On le trouve profond sur l'Aliwal Shoal, et plus superficiellement dans les zones coralliennes.
Ces poissons très vifs et souvent farouches se collent au fond parmi les anfractuosités, prêts à disparaître et réapparaître à plusieurs mètres de là. (Debelius et Kuiter, 2002)
La côte est de l'Afrique est sujette à des amplitudes de marée très variable au court de l'année, et est fonction de la zone géographique.
Exemple : le 11 novembre 2004
Pays |
Lieu de mesure |
Amplitude |
Somalie |
Berbera (45°01'E,10°26'N) |
Env. = 1m |
Mozanbique |
Mocimboa Da Praia (40°22'E, 11°20'S) |
Env. = 4m |
Afrique du Sud |
Durban (31°03'E, 29°52'S) |
Env. = 1.5m |
(www.sail-online.fr/meteo/)
1.4. Les caractéristiques de l'eau d'origine
La physico-chimie de l'eau de cette partie du globe est très peu soumise aux variations. La température y est quasi constante sur l'année et oscille entre 24 et 26°C. La densité de l'eau est de 1,024 (à cette température) soit 32,5 g.L-1. L'on y observe une conductivité d'environ 50 μS.cm-1.
Le titre alcalimétrique complet est égal à 14°f.
Les nitrites, phosphates et nitrates sont non mesurables.
L'eau est fortement oxygénée par un brassage très important.
1.5. L'alimentation
Des algues au menu ! Son régime alimentaire est fortement végétarien. Il se nourrit essentiellement d'algues gazonnantes, mais aussi d'éponges et d'invertébrés benthiques. (Debelius et Kuiter, 2002)
2. Le comportement
En 1978, Moyer et Nakazono ont montré l'hermaphrodisme protogyne du genre Centropyge. En effet, Centropyge acanthops naît sans avoir de sexe distinct; quand il grandi, il prend d'abord les organes du sexe féminin. Comme tous les autres hermaphrodismes protogynes, le mâle est le résultat d'une femelle dominante, qui du fait de la mort ou de la disparition du mâle au sein du harem, subie un changement de sexe.
Chaque femelle établit un repère au centre de leur territoire. De petites agressions sont exercées sur les poissons qui partagent les mêmes habitudes alimentaires.
Le mâle du harem a un itinéraire déterminé qu'il suit continuellement. Cet itinéraire l'emmène d'une femelle à une autre, avec laquelle il passe une brève période. (Schultz H.C
2003)
2.2. Les variations de livrée
Couleurs brillantes : ses couleurs sont prononcées quand il effectue des escarmouches avec ses semblables et généralement quand il va bien, et qu'il ne porte pas atteinte à l'ordre hiérarchique.
Couleurs ternes : il manifeste des couleurs ternes quand il est effrayé, stressé, ou atteint d'une pathologie.
3. Reproduction, incubation et stade larvaire
3.1. Les différentes étapes de la reproduction
Centropyge acanthops se reproduit au crépuscule comme toutes les espèces du genre. La reproduction a lieu généralement dans les dix minutes qui suivent le couché du soleil, et est précédé d'une parade rituelle. A l'approche de l'obscurité, le mâle réduit son activité de recherche alimentaire, et augmente sa fréquence de passage vers chaque femelle. Il lui faudra à peine 5 minutes pour effectuer un tour complet de son territoire. Généralement, les femelles attendent le mâle sur leur territoire et dans une zone abritée. Si la femelle n'est pas présente, le mâle entame d'intenses recherches. Une fois en vue l'un de l'autre, ils s'approchent rapidement en se parant de leurs plus belles couleurs, et produisent des bruits de gazouillement audibles. Les deux poissons restent ensemble moins de 5 secondes, puis le mâle entame la même parade nuptiale avec la prochaine femelle. A chaque visite suivante, la durée de résidence vers chaque femelle augmente progressivement. L'acte sexuel approche, le mâle décrit des cercles serrés autour de sa partenaire avant de poursuivre finalement son chemin. A ce stade, la femelle suivra quelque fois le mâle jusqu'à sa prochaine partenaire. Il n'est pas rare de voir 2 ou 3 femelles au même emplacement.
Quand la femelle est prête, elle s'élève lentement à une trentaine de centimètre du substrat. Le mâle donne son accord en appliquant une forte poussé du museau sur l'abdomen de celle-ci. Les deux corps se renversent ce qui aligne les orifices sexuels. Le couple tournoi latéralement, ovocytes et sperme sont alors libérés d'un seul coup et la fécondation a lieu. Chaque femelle peut produire de 300 à 900 œufs par nuit.
Le mâle poursuit ensuite son chemin et la femelle couvre en retraite, tout en donnant un vif coup de queue permettant de disperser les oeufs. Ceux-ci sont flottants grâce à leur globule huileux.
Le processus de ponte prend entre 4 et 6 secondes et implique seulement et toujours un mâle et une femelle. Une fois la fraie effectuée avec toutes ses femelles, il se retire pour le soir. (DeLoach, 1999)
3.2. Le développement larvaire
Les œufs mesurent environ 0,7 mm de diamètre et éclosent 16 heures après la fécondation à 26-27 °C. Les larves de Centropyge nouvellement écloses sont très primitives. Leur développement embryonnaire est court, et elles ne possèdent ni yeux, ni bouche, ni nageoires fonctionnelles, ni tube digestif. Les larves commencent à s'alimenter à J3-4 et mesurent en moyenne 2,5 cm. La taille, la qualité et l'abondance des proies sont primordiales au bon développement larvaire. Cette nourriture est constituée dans un premier temps de plancton puis d'invertébrés benthiques adaptés à la taille de leur bouche. Les postlarves continueront à se nourrir de zooplancton, puis les algues deviendront vite la principale source de leur régime alimentaire.
A une température de 26-27°C, leur taille double toute les trois semaines environ. A J10, l'hétérogénéité des tailles devient nette mais ne pose pas de problème de cannibalisme. A J25, les larves mesurent 6,5 mm. Les larves sont transparentes puis deviennent argentées et se compriment latéralement. Avec ces transformations le camouflage est de mise. La métamorphose débute à J45 quand elles mesurent 10-11 mm. Progressivement, les nageoires dorsale et caudale s'éclaircissent, alors que les pelviennes s'assombrissent. Le patron de coloration adulte est atteint à J60. (Frank Baensch)
4. Sa vie en aquarium
4.1. Son maintien en aquarium
L'un des principaux avantages de
Centropyge acanthops et de tous les anges nains en général, c'est qu'il s'adapte très facilement à de petits volumes. Le tout est de lui fournir au moins 100 litres d'eau, tous volumes solides déduits (ex : roches vivantes, épaisseur de sable, filtres, épaisseur du verre…).
Le décor doit être anarchique afin de lui offrir d'innombrables cachettes. Ceci évite le stress du poisson et permet à celui-ci d'évoluer en pleine eau, au grand bonheur de son propriétaire.
Etant très territorial dans la nature, la possession d'un harem de 6 individus (1 ♂,5 ♀) semble quasiment impossible. Seuls de très gros aquariums à base carré (de l'ordre de 150*150*60 cm : 1350 litres) permettent la reconstitution d'un milieu adapté. Dans de telles conditions, il convient malgré tout de se procurer les individus les plus jeunes possibles, et au même moment. Une échelle hiérarchique entre les individus s'établira en douceur, et l'apparition d'un poisson dominant ne tardera pas, il deviendra le mâle. Dans ces conditions de maintenance, la cohabitation avec d'autres espèces doit être réfléchie, car le harem n'acceptera aucune intrusion sur son territoire, et ceci aux dépends du bien être des autres animaux.
4.2. Son alimentation, la polémique
Il faut lui fournir une forte proportion de végétaux. Cette nourriture est composée de laitue pochée, d'épinards congelés ou bouillis. La prolifération d'algues gazonnantes dans l'aquarium complète ses besoins en végétaux. Une part de nourriture carnée est toutefois indispensable ; elle est constituée d'artémii, de krill, de mysis, de crevette et de chair de moule.
Dans un but de reproduction, les conditionner en les nourrissant 2-3 fois par jour avec des œufs de poissons, des spirulines et de l'astaxanthine.
La présence de Centropyge acanthops en bac récifal avive de fortes polémiques. Certains auteurs désapprouvent en bloc leur maintenance en compagnie d'invertébrés. D'autres, par contre, n'ont jamais eu à déplorer le moindre incident concernant leur cohabitation. Le comportement du poisson vis à vis des invertébrés est très variable en fonction de l'individu. Il est possible d'émettre plusieurs hypothèses concernant ses actes. La première pourrait être une carence alimentaire. Les observations de tels comportements apparaissent après une longue période de maintenance. Une autre raison, plus hypothétique, est le développement d'une pathologie d'ordre psychologique. Celle-ci avancerait que son isolement du harem originel provoquerait une sorte de dépression, de stress continuel.
Toutefois, il est difficile de contrôler avec certitude le régime alimentaire du poisson dans son milieu naturel, même après analyse du contenu stomacal. Si ce comportement existe réellement dans le milieu naturel, il aura un impact très minime sur les invertébrés sauvages. En milieu restreint, les conséquences seront différentes.
4.3. Pathologies
Centropyge acanthops est un poisson assez résistant aux pathologies communes en aquariophilie marine.
Toutefois, il est susceptible de subir des attaques de parasites externes tels que Cryptocarion irritans (protozoaire ciliés parasites de la peau). Un traitement au sulfate de cuivre devrait l'en débarrasser, mais attention aux invertébrés présents dans le bac. Le mieux est d'isoler le sujet.
Il semblerait également que la famille des Pomacanthidae soit facilement sujette à des infections bactériennes touchant le globe oculaire. Elles se manifestent part l'apparition d'un voile blanchâtre sur un ou sur les deux yeux. Cette maladie due à une mauvaise qualité d'eau peut être enrayée par un traitement à base de vert malachite et d'aldéhyde (formol).
4.4. La reproduction en aquarium
La reproduction de Centropyge acanthops en aquarium n'a jamais été réalisée, ou tout du moins tentée. Mais l'application du protocole de reproduction et d'élevage de Centropyge Fisheri doit être applicable au ''dos flammé africain''.
Protocole de reproduction et d'élevage (Frank Baensch) :
- Maintenir un grand mâle et une ou deux femelle de taille différente dans un bac d'au moins 400L équipé d'une surverse.
- Les nourrir d'aliments marin variés plusieurs fois par jour.
- Temps d'éclairement quotidien : 14-16 h.
- Des pontes ont lieu tous les soirs.
- Les œufs étant flottant, ils sont récupérés dans un tamis à la sortie du trop plein.
- Le lendemain matin, les œufs fécondés et vivants sont en surface (Tx de fécondation = 90%). Il est alors facile de les récupérer avec une pipette pour les transférer dans un bac d'élevage.
- L'éclosion à lieu env.16 heures après la fécondation.
- 96 heures après, les nourrir avec du plancton naturel (ou rotifères, copépodes)
- 45 jours après, leurs donnés des nauplii d'artémias juste écloses et enrichie en acide gras polyinsaturés.
- Après 60 jours, varier l'alimentation entre artémias, daphnie, mysis, épinard,…
5. Conclusion et perspectives
Du fait de leur beauté, les poissons anges font partis des poissons favoris des aquariophiles. Malheureusement ceux-ci ne vivent pas en grand nombre sur les récifs à cause de leur territorialité. De ce fait, les prélèvements soutenus de ses espèces peu avoir des conséquences irrémédiable sur les populations sauvages.
Heureusement, la reproduction artificielle de ces espèces tant à se développer. Pour les grand Pomacanthus la fécondation se fait par mélange artificielle des gamètes mâle et femelle. Les petites espèces, comme les Centropyges, peuvent se reproduire naturellement dans un aquarium adapté.
Avec ces progrès, les amateurs d'aquariophilie marine pourront encore longtemps assouvir leurs passions.
Bibliographie
- Dieter Eicher, Ewald Lieshe. Korallenfishe indischer ozean. Jahr Verlog Hamburg,1994, p179.
- Dr.Gerald R.Allen. Poissons Papillons et Poissons Anges, volume 2. Aquarama Sopic,1981.
- Helmut Debelius, Rudie H.Kuiter. Poissons Anges Pomacathidés. Ulmer,2002.
- Helmut Debelius. Indian Tropical Fish Guide Ocean. Aquaprint, 1993, p165.
- John E.Randall. Carilbean Reef Fishes. TFH Publication Inc,1968, p189.
- John E.Randall. Coastal Fishes of OMAN. University of Hawaii Press, 1995, p254.
- Schultz H.C., What a darling little angel: The genus Centropyge. Reefkeeping, February 2003, volume2. http://reefkeeping.com/issues/2003-02/hcs3/index.htm
- www.fishbase.net/
- http://www.sail-online.fr/meteo/
Article transmis par Flavescen (Rémi DARDARE)
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